Le voyage de cinq semaines aux îles de la Madeleine s’achève. C’est avec un peu de nostalgie que nous écrivons ce texte en direction de Tadoussac, déjà presque de retour au bercail. Vous avez été nombreux à nous envoyer des petits mots d’encouragement ou des commentaires durant ce voyage. De notre côté, les accès internet étant souvent très peu accessibles, nous étions limités à indiquer notre position et que tout allait bien. Cela laissait peu de place pour écrire des commentaires très élaborés et nous nous limitions à nos impressions du moment : extraordinaire, fantastique, inoubliable. Au terme du voyage, voici donc des impressions plus détaillées de Josée et Yvan.

Sites coup de cœur

À plusieurs endroits, on commentait que le site dans lequel nous étions était le plus beau. Avec le temps, quelques-uns des sites sont devenus nos références comme étant les coups de cœur du voyage. D’abord, la Baie de Tadoussac avec ses mammifères marins ensuite le Bic, un site naturel enchanteur. Mais c’est en arrivant à l’Anse à Métis après une journée à naviguer dans le brouillard que nous avons eu notre premier vrai coup de cœur. Le phare, la côte, les phoques sur les rochers apparaissaient au fur et à mesure que le brouillard se dissipait; un peu comme un rideau qui nous dévoilait un spectacle. Josée est à la barre durant la manœuvre d’ancrage et nous répète : « Regardez si c’est beau! ». Les sites sont souvent mémorables lorsqu’ils sont associés à certains événements. Coup de cœur numéro 1 de Josée.

L’ancien petit port de pêche de Grande-Grave au Parc Forillon a été le coup de cœur d’Yvan. Après avoir passé le cap Gaspé au bout de la pointe de Forillon, l’arrivée dans la Baie de Gaspé et dans le Parc Forillon était un moment incroyable. Cet arrêt de deux jours permet à Yvan de se remémorer un premier voyage en Gaspésie à l’âge de 5 ans. L’image de Carmen retenant les 4 garçons en haut du Cap Bonami lui revient. Il faudra revoir les films 8mm d’époque, au retour.

Passage ensuite le long du Rocher Percé, un autre moment très excitant et l’occasion de prendre multiples photos de tous les angles. La semaine dans la Baie des Chaleurs aura été une occasion de découvertes d’une région, d’une histoire de pêcheurs et d’Acadiens mal connues. Une belle découverte pour nous, en particulier à Paspébiac avec son musée en plein air.

Dans cette région, on expérimente les escales dans les ports de pêche. Les coups de cœur de Michel (relatés dans « Pensées du skipper »).

Moments mémorables

Parmi les sites mémorables, il faut aussi compter quelques sites aux Îles-de-la-Madeleine (plage de Old Harry, vue de Big Hill sur l’île d’entrée, baignade à Sandy Hook) et sur la Côte-nord, à l’anse St-Pancrace. Mais c’est surtout des moments mémorables qui nous reviennent des Îles.

D’abord le contact avec les gens sur les quais. Le superbe voilier de 42 pieds détonne parmi les bateaux de pêcheur et attire les curieux, autant d’occasions de démarrer des conversations avec ces gens. Plusieurs nous racontent un peu leur vie, la région, les événements. Les Madelinots sont tissés serrés. Tout le monde est cousin, beau-frère, gendre. Les mêmes événements (exemple, la construction d’un bateau de pêche en acier durant l’hiver, à Cap-aux-Meules) nous sont relatés par plusieurs personnes. On finit par connaître l’histoire complète : le père du propriétaire à la retraite, le soudeur qui a travaillé durant l’hiver, etc. Passionnant tout cela!

La traversée de 19 heures entre Anse-à-Beaufils et l’Étang du Nord, en faisant des quarts a aussi été un beau moment, à la fois, de solitude (quart de nuit au milieu de la mer) et de solidarité (confiance que l’équipier de quart s’occupera adéquatement du bateau et de la navigation).

Les rencontres avec les amis tout au long de notre route, ont aussi été un réel plaisir : André et Jocelyne à Grande-Grave, Gérard et Simon, Jacques et Maja à Havre-Aubert, Lucie à Bassin.

Vie à bord

La vie à bord un voilier durant plusieurs semaines est une expérience unique. Les routines s’installent pour les routines à bord à trois ou quatre dans un espace restreint. Il y a une certaine discipline qui s’installe : chaque chose à sa place et une place pour chaque chose. C’est une question de sécurité à bord. La routine des repas, de la vaisselle, de la navigation du lendemain, l’inspection du moteur, les petites réparations. Tout cela se fait assez naturellement après quelques jours. La vie à bord fait partie du voyage autant que le voyage lui-même.

Chaque jour est aussi l’occasion d’apprendre : les systèmes du bateau, la navigation, les manœuvres par différentes conditions de vents dans les ports. Michel partage ses connaissances, nous fait confiance et nous laisse manœuvrer son bateau.

Quelques belles surprises

En plusieurs semaines de préparation au voyage, on se fait une image de ce que cela aura l’air. Mais nous avons tout de même eu plusieurs belles surprises :

·        température et météo beaucoup plus chaude que prévue (trop de linge d’hiver pas assez de linge d’été)

·        la Baie des Chaleurs est immense (et effectivement quelques degrés plus chaude que le fleuve)

·        la générosité des gens rencontrés. Spontanée, et pour eux, tout à fait normale.

On revient de ce type de voyage, transformé. Il nous faudra bien quelques jours (semaines?) pour assimiler tout cela. Nous aurons surement l’occasion de partager avec vous de vive voix. Merci encore de nous avoir suivis.


Qui peut faire de la voile sans vent?

Qui peut ramer sans rames?

Et qui peut laisser un ami sans verser une larme?

Je peux faire de la voile sans vent

Je peux ramer sans rames

Mais je ne peux quitter un ami sans verser une larme

(Tiré d’une chanson suédoise)